WKC - La maturité et le shiai en Kendô
Pour ceux qui ne me connaissent pas, ou mal, je vais commencer par un étalage immodeste de mon palmarès en compétition de Kendô. Oui c'est exactement comme pour donner plus de crédit à ce que je vais écrire par la suite.
Première compétition en 1978,
1981 vice-champion et 1982, champion de France jeunes
1986 champion de France des Kyus
1992 vice champion puis champion de France individuel sénior en 1993, 1994, 1999, 2000, 2001, au total 11 podiums sur cette compétition (le dernier en 2011). En équipe, 4 fois champion de France en étant Capitaine.
En équipe de France de 1990 à 2003 dont Capitaine de 1992 à 2003.
8 fois champion d'Europe par équipe, 2 podiums en individuel (2e et 3e),
Championnats du monde (5 réalisés) 2 places de 5e en équipe et 1 place de 5e en individuel (1997), 2 fois fighting spirit des WKC (1994 et 1997).
C'est assez inhabituel chez moi une telle démonstration mais, finalement, c'est très samouraï, et japonais, de déclamer ses titres de noblesse avant la bataille ! ;^)
Nous avons donc assisté récemment aux Championnats du Monde de Tokyo, pour les plus chanceux au Budokan de Tokyo, pour les autres, dont moi, sur Ustream (TV sur internet).
L'équipe de France masculine, briguant son premier podium au WKC, n'a finalement pas réussi à sortir de sa poule, battue par les USA (2 victoire à 0 et 5 ippons à 2).
Dans l'histoire du Kendô Européen, seules deux autres équipes européennes ont réussi à faire un podium aux WKC, et pour l'Italie avant même qu'elle ne gagne son premier championnat d'Europe. L'Italie (2003) et la Hongrie (2012 et 2015).
Ce qu'on peut dire factuellement, c'est que les piliers de ces trois équipes font partie de la génération précédente de combattants voire celle d'avant. Finalement, tant pis je cite les noms, mais c'est comme si en équipe de France nous avions encore deux ou trois Guillaume SICART, Erwin YONNET, Axel DIEBOLD ou même Jean-Nicolas HEURTEVIN et qui sait pourquoi pas encore un Thibault BRUNEL de BONNEVILLE ?
Bien entendu, les sélectionneurs, ou ceux de l'équipe précédente, ne sont pas complètement responsables de cette situation. Sans vouloir totalement parler pour ces "anciens" prématurément retraités mais de ce que j'en sais, c'est une grande partie à mettre sur le compte des vies familiales et professionnelles. Je reste persuadé qu'il y avait sûrement des solutions à trouver...
Je pense sincèrement qu'il faut considérer l'avenir en conservant absolument certains combattants plus expérimentés dans l'équipe de France.
Le Kendô n'est pas un sport.... ...comme les autres !
Je dirais cela différemment, la compétition en Kendô n'est pas un sport comme les autres.
Pourtant, même en Football, nous voyons certains "anciens" perdurer jusqu'après 30 ans : PIRLO, PLATINI, ZIDANE, ... Mais finalement, quel est le point commun entre eux et ce n'est surement pas leur condition physique... ???? Et oui, vous avez deviné, c'est le niveau technique. Dans le sport en général et ô combien en Kendô, le niveau technique permet de rester efficace quand on avance en âge.
Pour mon cas personnel, ayant fait mon dernier podium aux championnats excellences individuels en 2011, quand je suis allé à Bourges cette année, malgré mes 48 balais, je ne me suis pas fait trop balader par les membres de l'équipe de France en poste. Au delà de la gloriole, je suis persuadé qu'il y a des enseignements à en tirer.
Monsieur TODA, 3 fois champion du Japon quand il avait moins de 30 ans, continuait à inquiéter les membres de l'équipe nationale japonaise quand il en avait 50 !!!
J'ai entendu, une "ancienne" gloire du Kendô français de 33 ans (!!!) me dire : "oh tu sais, moi maintenant, je ne tiendrais plus physiquement les entrainements de l'équipe de France." Mais si on croit que c'est aux athlètes de s'adapter aux entrainements et non pas l'inverse, à mon avis on se trompe et par là même, on se prive des piliers nécessaires à une équipe de France montant sur un podium des WKC.
Ok, les membres actuels sont tous de la même génération, je l'ai entendu : "ils sont tous potes" (et c'est très bien). Une bonne ambiance dans une équipe c'est primordial et ce qui peut, par dessus tout, souder une équipe, c'est un objectif commun, une "mission suprême", au delà de la camaraderie et des amitiés. On peut ne pas partir en vacances ensemble et tout à fait constituer une équipe gagnante.
Pour moi, une équipe ne se sélectionne pas (uniquement), elle se construit !
Vous l'avez compris, je suis intimement persuadé qu'avec une équipe de France trans-générationnelle, on tapait les USA !!!