Les photos de SATO Sensei et le portrait de Jean-Pierre RAICK, réalisé par Dany DELEPIERRE proviennent du bureau du club Lilois qui m'a si chaleureusement accueilli le 11/11/2018 pour le Keiko
Je me réessaye au Iaido depuis peu.
Après plus de 25 années d'arrêt... que je croyais...
Dès la première pose des mains sur le sabre, dès le premier metsuke, des foules de souvenirs, émotions, conseils, le son de sa voix... me sont remontés à la surface.
Mon sensei de Iaido, celui avec qui j'ai fait mes premiers pas, nuki tsuke, kiritsuke, shiburi, noto... feu SATO Hikoshiro Hanshi.
J'avais arrêté le Iaido depuis 15 ans.
Je ne le voyais plus, j'avais des nouvelles par mes amis Iaidoka, Jean Jacques SAUVAGE notamment...
Ce jour là, mon 6e dan de Kendo me donnait le privilège de pouvoir participer au Kyoto taikai. Tellement de foule au Butokuden ce jour-là, c'était la 100e édition, que pour se faufiler, je devais replier les ailes de mon men... et hop éjecté de la masse, je me retrouvai au bord du shiaijo, à mon tour de passer...
Et au premier rang des spectateurs de mon shiaijo, SATO sensei... pas le temps de le saluer, je saluai déjà mon adversaire et YAAAHHH !!!
A la fin, le temps de récupérer ma feuille de passage qu'il était déjà parti.
Il était venu expressément voir Mon keiko !!!
Oui il faut savoir qu’il existe un livret indiquant chaque année, à la minute près, l’heure de passage des 4000 participants du Kyoto Taïkaï
J’eûs beau rechercher SATO senseï sur le site parmi les dédales des marchands du Temple du Kendo, ... en vain.
Quelques mois plus tard. J'ai appris sa mort, effondré.
Alors, à ma reprise du Iaido, instantanément j'ai compris que mon sensei avait vécu avec moi toutes ces années, qu'il s'exprimait toujours à travers moi, à travers ma pratique, mes valeurs, mon enseignement du Kendô aussi.
Et il est là le lien magique qui fait perdurer, depuis des siècles, les techniques et surtout les valeurs humaines ancestrales du Budo.
Jean-Pierre RAICK, plus récemment, nous a laissé, pour beaucoup d'entre nous, orphelins de Kendo.
L'influence qu'il a eue sur le développement du Kendo Français et Européen est indiscutable.
Pour ma part, entre autres techniques et trajectoires de sabre, je me suis rendu compte très récemment que c'est lui qui, lors d'un stage d'été à Fontenay, a ouvert une porte à mon Kendo.
Depuis j'explore des contrées différentes mais complémentaires au "ya poum poum" habituel et tellement rasoir et en quasi total manque d'inspiration. (Initiés comprendront ou qui sait, lors d'un prochain post)
Et puis, je viens, nous venons, de perdre récemment deux amis de sabre coup sur coup.
Perdre, non ! ...car Georges et Geoff, seront toujours dans nos coeurs.
On dit ça comme une formule de condoléances toute faite, et pourtant je le ressens profondément a minima dans le cas de mes frères d’armes, et désormais frères de larmes, de l'art du sabre.
Dans un post précédent je vous parlais de mon "Xénon", Xavier D’ETAT, ancien président du Kendo aquitain; De la technique que j'avais baptisée du même nom. Et bien je continue de la perpétrer (perpétuer) plusieurs fois par séance. Avec chaque fois une petite pensée....
Nous portons en nous à jamais une partie de celui qui fut notre professeur, notre sempai, notre ami, ou même une simple rencontre.
Alors dans ce contexte, et je dirais même qu'il a inspiré ce post, voici un extrait du poème que mon ami Serge HENDRICKS nous a fait connaître et pour ma part, reconnaître : "Souffles" de Birago Diop
...
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans l’Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit,
Ils sont dans l’Eau qui coule
Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C’est le Souffle des Ancêtres.
...
Alors oui, je transmettrai, je transmets déjà tout cela qui vit en moi. Et j'imagine que mes élèves penseront que tout vient de moi. Quelque part oui, ils ont raison, ce qui s'est imprimé en moi est sans doute ce que mon « kokoro » a choisi de s'approprier pour grandir et comme valeurs à transmettre aux futures générations.
Kenshis, nous sommes tous de ses vecteurs,
L'art du sabre se transmet par le coeur !